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Ursula Meier

Más abajo encontrará la versión española de este texto.
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Dialogues travaillés dans le naturel

Par Michaela Fisnar Keggler
Ursula Meier a eu la gentillesse de nous accorder une interview à l'occasion du nouveau Festival du Film Francophone Angoulême qui a eu lieu du 28 au 31 août 2008. Nous l'avons rencontré, souriante et sympatique, à l'hôtel Mercure d'Angoulême, dans une atmosphère décontractée et cinéphile.


Ursula-Bild
Un portrait d'Ursula Meier: www.swissfilms.ch/portraits.asp
Des informations sur son film Home: www.boxproductions.ch

© Michaela Fisnar-Keggler, 2008


Michaela: Félicitations pour votre premier long métrage!
Ursula Meier: Merci.

Michaela: Nous sommes ici au nouveau Festival du film francophone à Angoulême où les films sont projetés en version originale non sous-titrées. Pourtant la région compte une population importante d’anglophones, notamment d’Anglais. Seriez-vous en faveur d’un sous-titrage en anglais pour votre film, si on vous le proposait ?
Ursula Meier: Oui, bien sûr, surtout que les Anglais ont été les premiers à acheter mon film Home. Et les Anglais n’achètent quasiment pas de films francophones. Mais Home sera projeté à Londres en octobre, donc les Anglais l’apprécient, il semble. C’est peut-être parce que le film ne se passe pas en France mais dans un « no-man’s-land » … c’est peut-être cela qui leur plaît.

Michaela: Ce film est parfaitement francophone au vrai sens du terme et pourtant il s’appelle Home : pourquoi avoir choisi un titre anglais ?
Ursula Meier: Alors ça, j’en sais rien (elle rit). C’est international. Je l’ai choisi … avec mes co-scénaristes ... Il fallait que ça se réfère à la maison, mais « chez nous » n’allait pas … Home, c’est court … c’est là parfois la force de l’anglais.

Michaela: Parmi les nombreuses informations que l'on trouve sur vous sur Internet, j’ai lu que vous ne parliez pas le Schwiizerdüütsch. C’est vrai?
Ursula Meier: Oui, en fait je suis la seule de la famille qui ne le parle pas.

Michaela: Vous parlez d’autres langues ?
Ursula Meier: Je ne suis pas très bonne en langues. Je parle allemand et un peu anglais. Quand il y a des sous-titres en anglais, aux festivals par exemple, je peux suivre.

Michaela: Plusieurs de vos films ont été sous-titrés en langues étrangères. Est-ce que vous vérifiez les sous-titres personnellement ?
Ursula Meier: Oui, oui. Avec le dernier, j’ai passé trois jours à lire les sous-titres anglais avec mon dico pour voir s’il y avait des choses qui n’étaient pas bien traduites. Et puis la personne qui s’occupe de la distribution aux Etats-Unis et qui est complètement anglophone, a aussi vérifié les sous-titres pour s'assurer qu'il sont parfaitement compréhensibles.

Michaela: Donc, vous vous occupez de vos sous-titres.
Ursula Meier: Oui, tout à fait. Les sous-titres sont super importants pour que tout le monde comprenne. Là où je peux, je m’en occupe. Mais par exemple en italien, je ne comprends rien.

Michaela: Et qui est-ce qui s’occupe des sous-titres dans les langues que vous ne maîtrisez pas ?
Ursula Meier: Ce sont soit les vendeurs internationaux, soit les acheteurs.

Michaela: Donc là, vous perdez le contrôle sur la traduction.
Ursula Meier: Oui, complètement.

Michaela: Est-ce qu’il va y avoir une version doublée de votre film ?
Ursula Meier: Je pense que oui, parce qu'il y a des pays où ils ne sont pas du tout habitués au sous-titrage.

Michaela: Dans de tels cas, vous devez complètement lâcher les dialogues de votre film, et vous ne savez pas ce que vos personnages disent dans d’autres langues.
Ursula Meier: C’est ça. Je ne saurai jamais ce que disent mes personnages en Inde, par exemple (elle rit). Une fois, j’ai vu un de mes films doublés en allemand – je pense que c’était pour la télévision – et c’était très bizarre d’entendre mes personnages parler en allemand.

Michaela: Donc, au niveau du langage, vous essayez de garder le plus de contrôle possible.
Ursula Meier: Oui, j’aime bien contrôler tout. Mais bon, une fois que le film est fini, il ne vous appartient plus. Mais comme je suis bien entourée, par des gens qui sont aussi impliqués dans le film, je leur fais confiance.

Michaela: En ce qui concerne vos dialogues, vous avez dit qu’ils sont « travaillés dans le naturel ». Qu’entendez vous par cela ?
Ursula Meier: Cela veut dire que j’aime bien que les dialogues soient concrets. Pour moi, le film, c’est l’image et le son, et le dialogue est là pour ajouter une chose, et pas pour expliquer le film ou les personnages. J’aime par exemple les dialogues des frères Dardennes qui n’ont l’air de rien alors qu’ils transportent énormément. Quand un personnage dit une phrase comme « Passe-moi le sucre », ce qui est important, c’est la manière dont il le dit.

Michaela: Est-ce que vous laissez à vos acteurs la liberté de changer les dialogues écrits?
Ursula Meier: Pas beaucoup. Surtout dans ce film-ci, c’est un dialogue « très écrit ». Avec le petit garçon, on avait beaucoup travaillé sur son texte en amont du tournage.

Michaela: Kacey Mottet Klein, qui joue ce garçon, est romand, non ?
Ursula Meier: Je l’ai trouvé en Suisse, mais en fait il est franco-américain. C’était son premier rôle, et c’était un travail énorme pour lui de comprendre comment dire son texte sans le réciter. On a beaucoup travaillé ensemble, avant le tournage et sur le plateau, et c’était très intéressant. J’ai trouvé une stratégie où je lui faisais dire son dialogue dans la vie. Par exemple, quand on était au restaurant, je lui ai dit : « Maintenant, tu me réponds ceci », pour qu’il comprenne ce que c’est que le « naturalisme ». Mais il a vraiment un talent fou, ce que j’avais vu tout de suite. C’est un gamin qui est intelligent, qui a très envie d’apprendre, et qui a travaillé beaucoup sans jamais se plaindre.

Michaela: Vous êtes donc contente du travail de ce jeune homme.
Ursula Meier: Très contente. C’est surtout gratifiant de voir d’où on est parti et où on est arrivé.

Michaela: Sur le plateau avec des acteurs français, suisses et belges, bien qu’ils parlent tous le français, est-ce qu’on a senti des différences entre leurs langages ?
Ursula Meier: C’est surtout au niveau des accents. Olivier Gourmet a un très léger accent belge qu’il a gommé pour le film, une des filles avait parfois un accent anglophone, et le garçon avait un accent suisse. Mais on a travaillé ça, et la famille, dans le film, on y croit: je pense qu’on n’entend pas les accents. Dans certaines prises, chez Kacey, il y avait un tout petit accent suisse qui revenait, donc je n’ai pas utilisé ces prises. Mais on a beaucoup travaillé avec lui, pendant plusieurs mois, pour qu’il perde son accent. Il y avait une logopède {orthophoniste} qui travaillait avec lui et, en plus, il y avait une personne qui répétait avec les jeunes, qui les préparait le matin et la veille. Donc il y avait tout une préparation derrière ... Les acteurs professionnels ont l’habitude de parler sans accent, mais pour un enfant de la banlieue de Lausanne, ce n’est pas évident.

Michaela: Encore une question, par curiosité: la scène du chat dans le film nous a tout de suite rappelé celle de La nuit américaine de François Truffaut.
Ursula Meier: Oui, tout à fait.

Michaela: Il y a un rapport?
Ursula Meier: C’est-à-dire qu’en écrivant, je n’y pensais pas. Mais en tournant, je me suis dit: ah, tiens, on dirait La nuit américaine.

Michaela: Quel est l’itinéraire de votre film, après ce festival?
Ursula Meier: Home sera le film de clôture au festival des films du monde, donc je pars demain pour Montréal. Je serai de retour en Suisse pour la sortie du film en salles.

Michaela: Merci beaucoup de cette interview et bon voyage.

* * *

© Raquel Ruiz Berset, 2008
Ursula Meier tuvo la amabilidad de concedernos una entrevista con ocasión del nuevo Festival de Cine Francófono de Angoulême (Francia), que tuvo lugar del 28 al 31 de agosto de 2008.

Retrato de Ursula Meier y su obra en http://www.swissfilms.ch/portraits.asp.
Para más información sobre su película Home, consultar la página www.boxproductions.ch

Entrevista con Ursula Meier, Angoulême, 30 de agosto de 2008
Entrevistamos a Ursula Meier, sonriente y simpática, en el hotel Mercure de Angoulême, en un ambiente desenfadado, rodeadas de cinéfilos.

Michaela: ¡Enhorabuena por su primer largometraje!
Ursula Meier: ¡Gracias!

Michaela: Estamos en el nuevo Festival de Cine Francófono que se celebra en Angoulême (Francia), donde las películas se proyectan en versión original sin subtítulos, pese a que en la región hay un gran número de residentes anglófonos, sobre todo de Inglaterra. Si se lo propusieran, ¿sería usted partidaria de que su película se proyectara con subtítulos en inglés?
Ursula Meier: Sí, claro, sobre todo porque los ingleses fueron los primeros que compraron mi película, Home, y eso que casi no compran películas francófonas. Aun así, Home se estrenará en Londres el próximo mes de octubre, así que parece que les gusta a los ingleses. Quizá sea porque el escenario de la película no está en Francia, sino en una «tierra de nadie» … a lo mejor es justamente eso lo que les gusta.

Michaela: Esta película es totalmente francófona en el sentido más estricto de la palabra, y sin embargo se llama Home : ¿por qué ha elegido un título en inglés?
Ursula Meier: Uy, no tengo ni idea... (dice riéndose). Es internacional. Lo elegí... junto con los otros guionistas ... Tenía que referirse a la casa, pero «nuestra casa» no sonaba bien … Home es corto … a veces ese es el punto fuerte del inglés.

Michaela: Entre la gran información que se encuentra sobre usted en Internet, he leído que no habla suizo alemán, ¿es verdad ?
Ursula Meier: Pues sí, de hecho soy la única de la familia que no lo habla.

Michaela: ¿Habla otros idiomas?
Ursula Meier: No soy muy buena para los idiomas. Hablo alemán y un poco de inglés. Los subtítulos en inglés, por ejemplo en los festivales de cine, los entiendo más o menos.

Michaela: Algunas de sus películas han sido subtituladas en otros idiomas. ¿Supervisa usted personalmente los subtítulos?
Ursula Meier: Sí, sí. La última vez me pasé tres días leyendo con mi diccionario los subtítulos en inglés, para ver si había algo que no estaba bien traducido. Luego, la persona que se ocupa de la distribución en Estados Unidos, que es completamente anglófona, también supervisó los subtítulos para asegurarse de que todo el mundo pudiera comprenderlos bien.

Michaela: Así que usted se ocupa de los subtítulos de sus películas...
Ursula Meier: Desde luego. Los subtítulos son importantísimos para que todo el mundo comprenda. Siempre que puedo me ocupo de revisarlos, pero, por ejemplo, en italiano no comprendo nada.

Michaela: ¿Y quién se ocupa de los subtítulos en idiomas que usted no domina?
Ursula Meier: Los que venden o los que compran las películas en otros países.

Michaela: O sea que ahí usted pierde el control de las traducciones.
Ursula Meier: Sí, completamente.

Michaela: ¿Habrá una versión doblada de su película?
Ursula Meier: Creo que sí porque hay países en los que la gente no está acostumbrada a los subtítulos.

Michaela: En esos casos, usted tiene que dejar los diálogos de sus películas completamente en manos de otros, y no sabe lo que sus personajes dicen en otros idiomas.
Ursula Meier: Exactamente. Nunca sabré lo que dicen mis personajes en la India, por ejemplo (se ríe otra vez). Una vez vi una de mis películas doblada en alemán – creo que era para la televisión – y era tan raro oír a mis personajes hablando en alemán...

Michaela: O sea que en lo que se refiere al idioma, usted intenta controlar lo más posible.
Ursula Meier: Sí, a mí me gusta controlarlo todo, pero claro, una vez que la película se ha terminado, ya no es mía, pero estoy rodeada de gente tan metida en el mundo del cine, que tengo confianza en ellos.

Michaela: Hablando de los diálogos de sus películas, usted ha dicho que están «elaborados sobre la naturalidad». ¿Qué quiere decir con eso?
Ursula Meier: Quiere decir que me gusta que los diálogos sean concretos. Para mí, una película se compone de imagen y sonido, el diálogo está ahí por añadidura, no para explicar la película o los personajes. Por ejemplo a mí me gustan los diálogos de los hermanos Dardennes, que no parecen nada espectacular, pero son un magnífico vehículo de expresión.Cuando un personaje dice una frase como «Dame el azúcar», lo que importa es la forma en que la dice.

Michaela: ¿Deja a sus actores libertad para cambiar los diálogos escritos?
Ursula Meier: No mucha. Sobre todo en esta película hay un diálogo «muy escrito». Trabajamos mucho con el texto del niño antes del rodaje.

Michaela: Kacey Mottet Klein, que juega este papel, es suizo francés, ¿no?
Ursula Meier: Lo conocí en Suiza, pero es franco-americano. Es su primer papel y le costó muchísimo comprender cómo tenía que decir su texto sin recitar. Trabajamos mucho juntos, antes del rodaje y en el plató, pero fue muy interesante. Encontré una estrategia para que escenificara su diálogo como si fuera una escena de la vida real. Por ejemplo, cuando estábamos en un restaurante, le decía: «Ahora, contéstame esto», para que entendiera en qué consiste el «naturalismo». Pero lo cierto es que tiene muchísimo talento, me di cuenta enseguida. Es un niño inteligente que tiene muchas ganas de aprender y que trabajó muchísimo sin quejarse nunca.

Michaela: Se ve que está contenta con el trabajo de este jovencito...
Ursula Meier: ¡Contentísima ! Lo más gratificante es ver dónde se empezó y hasta dónde se ha llegado.

Michaela: En el plató, con actores franceses, suizos y belgas, aunque todos hablan francés, ¿se notan diferencias entre sus formas de hablar?
Ursula Meier: Sobre todo llaman la atención los acentos. Olivier Gourmet tiene un ligero acento belga que consiguió quitarse para esta película, una de las chicas tenía a veces un acento inglés y el chico un acento suizo. Pero los «limamos» y la familia, en la película, parece muy real: creo que no se oyen los distintos acentos. En algunas escenas, en el caso de Kacey, se oía un ligerísimo acento suizo de vez en cuando, así que lo que he hecho es no utilizar esas tomas. Pero desde luego trabajamos mucho con él, durante varios meses, para que perdiera su acento. Un logopeda trabajaba con él y, además, otra persona ensayaba y repetía los textos con los jóvenes, les preparaba día y noche. Hay una gran preparación detrás ... Los actores profesionales están acostumbrados a hablar sin acento, pero para un niño de una barriada de Lausana, la cosa no es tan fácil.

Michaela: Una pregunta más, por curiosidad: la escena del gato en la película nos recordó inmediatamente a la de La noche americana, de François Truffaut.
Ursula Meier: Sí, es verdad.

Michaela: ¿Hay alguna relación?
UM: Bueno, la verdad es que cuando me puse a escribir no pensé en esa película, pero durante el rodaje me dije: ¡Vaya! esto se parece muchísimo a La noche americana.

Michaela: ¿Cuál será el itinerario de su película después de este festival?
Ursula Meier: Home será la película de clausura del Festival de Cine del Mundo, así que me voy mañana a Montreal y volveré a Suiza cuando se estrene en los cines.

Michaela: Muchas gracias por la entrevista y ¡buen viaje!

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